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Excursion à Rochefort : Corderie Royale et Hermione

06 Juillet 2017

Même si nous connaissions notre destination ce matin du mercredi 21 juin, nous ne savions pas que nous allions « embarquer » pour une si belle aventure…. Malgré la chaleur caniculaire, nous étions tous là, contents de nous retrouver. Un bus de la ville d’Angoulême nous attendait. Bernard, notre sympathique chauffeur, avait pour mission de nous conduire à Rochefort, où nous allions visiter la Corderie Royale et monter à bord de l’Hermione.

L'Hermione

Une petite pause-café s’imposait à la moitié du parcours avant de prendre l’autoroute toute proche. Bernard a arrêté son bus juste devant le Palais des Congrès de Rochefort. Une immense salle était mise à notre disposition. L’accès en était facilité par la présence d’un ascenseur. Nous n’avions plus qu’à installer tables et chaises pour le pique-nique. Nous avions largement le temps de nous accorder cette pause-déjeuner, l’Arsenal de Rochefort étant tout proche. Après avoir tout remis en place, nous étions tous d’accord pour aller à l’extérieur. Nous n’avions que quelques centaines de mètres à parcourir pour nous rendre à la Corderie Royale. En attendant l’heure de la visite (14 heures), nous avons trouvé un bel espace en pelouse sous l’ombre bienfaisante de grands arbres.Pause repas au palais des Congrès.

Et puis tout tranquillement, nous nous sommes avancés vers la Corderie Royale où nous avons rencontré notre guide. Dans un premier temps nous avons vu ou écouté un film d’une quinzaine de minutes. Certes il n’était pas en audio-description mais la présentation par des diapos, et l’animation originale qui l’accompagnait permettait de comprendre l’évolution de la construction (1666) de la Corderie, sa reconversion en plusieurs institutions, conséquence de la révolution industrielle en 1862, sa quasi destruction en 1944 et le début de sa réhabilitation en 1973.
L’animation originale consistait à faire parler des personnages parties prenantes dans l’histoire de la Corderie, les  personnages s’animant ou se figeant dans des tableaux, comme des œuvres accrochées à un des murs de la salle.
Le guide nous a assuré que tout ce que nous allions découvrir par la suite serait à la portée de tous les malvoyants ou non-voyants…. Beaucoup de choses à toucher, à sentir.

Nous nous sommesLa machine à faire les cordages. installés dans une pièce où nous attendaient de drôles de machines. Nous avons pu toucher la matière utilisée pour le  filetage: du chanvre en vrac (semblable à des cheveux), de la ficelle, des cordes plus épaisses, du cordage enduit de goudron (nous sentirons souvent cette odeur sur le site de l’Arsenal).
Il est difficile de décrire la machine devant nous, mais tous étions d’accord pour en constater l’ingéniosité. Ici, à notre portée, nous avions la reproduction du matériel utilisé pour la fabrication des cordages. Il faut dire que la Corderie mesure 374 mètres de long pour 8 mètres de large. Il fallait un bâtiment suffisamment grand pour fabriquer des cordages de 200 mètres de long !!
Patrice a été appelé à la manœuvre pour actionner une manivelle et faire tourner les crochets sur lesquels étaient attachés les brins de  chanvre installés par le guide. La corde a été réalisée par la torsion des fils entre eux. Vous pourrez la toucher au local de l’AVH, elle y est installée en bonne place !
Une machine à fabriquer les cordages se trouvait aussi dans la pièce, énorme, toute en poulies et engrenages. Cette machine en acier et fonte a été « construite au début du XXe siècle en Belgique et a été donnée à la ville de Rochefort dans les années 1980 par la corderie de Courbevoie ».
Tous s’en sont approchés pour apprécier ses dimensions et son système de marche.La machine à commettre.

Et puis, nous sommes passés dans un autre espace, celui du matelotage. Nous étions placés devant un comptoir, les uns à côté des autres. Le guide nous  passait  différents objets en corde presque de la broderie : des tapis de différentes grandeurs et formes, les pommes de touline (servant de lest afin de lancer les cordes avec plus de précision)… Et de nous apprendre aussi le nombre incroyable de nœuds avec pour chacun un nom spécifique : le nœud plat, le nœud d’arrêt, de chaise, demi-clef…  Pour tous les apprendre, il faudrait en faire nous a-t-on dit, un par jour pendant les 11 prochaines années ! Mais, un autre rendez-vous nous attendait, à quelques dizaines de mètres de là.
Nous ne sommes pas montés directement sur l’Hermione. Nous avons d’abord pénétré dans un grand entrepôt. Ici, l’odeur de chanvre, de goudron est omniprésente. C’est  le goudron de Norvège qui permet de protéger les cordages soumis à rude épreuve.

Notre guide s’appelle Aurore. Cette jeune femme souriante d’une trentaine d’années, avoue que c’est la première fois qu’elle adapte la visite pour des personnes mal et non-voyantesOn peut toucher la machine à faire les cordes.. Elle fait partie de l’équipage de l’Hermione, c’est une gabière, autrement dit un  matelot.
Nous avons pu toucher la voile immense étendue à nos pieds. Aurore a fait circuler différents objets : une petite maquette en bois avec les trois mâts pour nous donner une idée plus précise de leur place et de leur hauteur, l’aiguille triangulaire servant à fixer les innombrables œillets disposés tout autour de la voile, la paumelle en cuir, sorte de gants aux doigts coupés qui protégeait la main quand il fallait pousser cette grosse aiguille. Il y a eu aussi un morceau de hauban (gros cordage enduit de goudron servant à maintenir les mâts) et enfin une pièce de bois représentant la moitié de la coque de l’Hermione (de profil).

Mais le temps passe vite et nous devions nous rendre sur l’Hermione toute proche.
La passerelle franchie tranquillement, nous nous sommes retrouvés sur le pont du bateau prestigieux. Aurore retraça l’histoire de ce bateau de 66 m de long pesant environ 1000 tonnes, servant à transporter des munitions en Amérique, sous le commandement du Marquis de La Fayette en 1780. En ces temps, nous sommes en pleine guerre d’indépendance. C’est en 1793, après plusieurs voyages, qu’ellLa guide Aurore montre la maquette en bois avec les 3 mâts.e coula à la sortie de l’estuaire de la Loire. Des passionnés de son histoire se sont investis pour qu’en 1997 commence la reconstruction du trois mâts.
Attentifs au milieu du pont et au pied des mâts, nous avons écouté Aurore, impressionnés par la passion qui l’anime. Elle nous a raconté la vie des gabiers et gabières sur l’Hermione.  Ils sont un peu plus d’une cinquantaine de jeunes (femmes et hommes). Ils s’occupent de la manœuvre des voiles (2200m²), des ancres, assurent les veilles de contrôle etc... Pas besoin d’être marin pour être gabier, mais il ne faut pas avoir le vertige car il faut pouvoir monter au grand mât (56,5 m de haut). L’équipe est divisée en trois. Les tiers assurent des services de 4 heures. Le tiers bâbord assure la garde de 8h-12h et 20h-00h, le tiers milieu 4h-8h et 20h- 00h, le tiers tribord 00h-4h et 12h16h. Ils ont été formés et entrainés à Rochefort. Il y a toujours un renouvellement de gabiers avec les relèves d’équipage prévus aux escales. En 2018, 350 volontaires se relaieront lors du voyage de l’Hermione qui partira de Rochefort pour rejoindre la Méditerranée.

Nous avonsA nos pieds, une grande voile. pu tout approcher sur le pont : les boiseries, les cordes, les canons (au nombre de 26),le cabestan, sorte de « cylindre en bois qui se manœuvre au moyen de barres fixes et horizontales, poussées par les hommes et sur lequel s’enroule à mesure un cordage pour virer les amarres, hisser une voile ». Pour apprécier le diamètre d’un mât, Aurore a demandé à  quelques-uns  du groupe de se donner la main afin d’en  faire le tour. Il fallait 5 personnes.
Et puis après quelques instants où nous pouvions aller à notre guise, il fallait bien penser à repartir. Nous  avons chaleureusement remercié notre si sympathique guide, la quittant quasiment à regret.
Bernard avait bien fait les choses, le bus nous attendait à la porte de l’Arsenal, et c’est ainsi que nous avons repris la route pour Angoulême, enchantés de cette journée, discutant encore de tout ce que nous avions vu.

Michelle.