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L'AVH d'Angoulême chez les écoliers de Malaville

10 Mars 2016

Les professeurs des écoles de Malaville (au sud-ouest d’Angoulême) nous ont proposé de collaborer, le 3 mars dernier, à la sensibilisation de leurs élèves à la vie quotidienne des personnes déficientes visuelles. Cinq bénévoles de notre comité, voyants et non voyants, étaient convenus, tout en présentant les différents matériels adaptés aux jeunes enfants, d’essayer de dissiper tout malentendu concernant la malvoyance et la cécité.

Présentation du braille

« Des petits points qu’on touche pour lire sur les boîtes de médicaments », voilà la définition du braille donnée par les grands élèves de maternelle, âgés de 5 et 6 ans. Guidés ensuite par Yvonne, ils se sont plu à découvrir la transcription de quelques lettres du texte du Petit Prince. Quant aux élèves des cours préparatoire et élémentaires, ils  ont préféré s’initier illico à l’embossage, grâce au poinçon que Suzanne leur avait prêté. Mais quelle que soit l’approche adoptée, l’essentiel était que chacun fasse la distinction entre braille et langage des signes ; aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a parfois confusion.

Précisons que plus de 60 enfants sont scolarisés à Malaville, de la petite section de maternelle au cours moyen 2. Les professeurs avaient donc dû constituer quatre groupes, en fonction de l’âge des élèves, avant de nous les confier pour une heure et demie environ.

 « Elle a un œil ouvert, il est noir », a lancé une petite voix ! Mais les yeux noirs de Suzanne ne voient pas. Ce fut d’ailleurs une tâche difficile pour Brigitte que de faire admettre aux plDécouverte du Braille.us jeunes, de 3 et 4 ans, que l’on pouvait ne pas voir même en gardant les yeux grands ouverts. Nous comprenons parfaitement que d’aussi jeunes enfants ne puissent le concevoir. Néanmoins, une petite fille connaissait le mot « aveugle », et nous espérons que la canne blanche du piéton aveugle ou malvoyant leur rappellera celle que Brigitte a mise entre leurs mains. Les élèves des cours préparatoire et élémentaires, plus avertis, ont été très réceptifs à l’utilité de cette même canne blanche après avoir découvert son maniement avec Suzanne.

Fatima, en compagnie des élèves des cours moyens, attentifs et curieux, estime s’être trop attardée sur la présentation des matériels vocalisés. Or, ces objets recueillent généralement  un tel succès auprès des enfants, qu’il est difficile de ne pas consacrer tout le temps nécessaire à leur découverte. En outre, il est indispensable de montrer que ces matériels vocalisés apportent une aide considérable à l’autonomie des déficients visuels, le braille et la canne blanche ne constituant pas à eux seuls une panacée.

Si la balance de cuisine et la montre parlantes ont obtenu du succès auprès des plus petits, le lecteur d’étiquettes vocales a déclenché les éclats de rire des plus grands de l’école maternelle, chaque fois qu’ils entendaient l’enregisSur la balance parlante.trement de leur voix ; comme à l’accoutumée, le pèse personne a fait un tabac, et vu défiler des dizaines de petits pieds empressés. À l’évidence, nous accueillons cet enthousiasme avec plaisir. Mais nous souhaitons, comme l’a souligné Brigitte, que les enfants  aient en même temps pris conscience de l’importance de l’oralité chez les personnes aveugles ou malvoyantes.

Il ne sert à rien de répéter à l’envi que les sens de l’ouïe, de l’odorat et du toucher se développent chez les personnes déficientes visuelles. Elles les utilisent et les optimisent comme quiconque se trouve, ne serait-ce que momentanément, privé de lumière, et devient aussitôt plus sensible aux bruits, aux odeurs, et tend les mains pour prévenir le danger.

Comme quiconque, les personnes déficientes visuelles sont douées du sens de la parole, régulièrement oublié par la caricature, et néanmoins essentiel pour une vie sociale. Nous souhaitons vivement que les enfants de Malaville, hors du cadre de l’école et de notre intervention, sauront qu’ils peuvent  et doivent parler aux déficients visuels pour communiquer avec eux. Rappelons à toutes fins utiles que les voix et les bruits leur servent de repères dans l’espace, mais que le brouhaha est pour eux fortement gênant, puisqu’il les désoriente et les isole du reste du monde. Suzanne a éprouvé quelques difficultés à se faire entendre dans l’agitation.

Plus calmes étaient les enfants de 5 et 6 ans, installés dans une salle plus conviviale. Assis derrière les tables disposées en forme de U, ils faisaient face à Yvonne et ClaudiDes étiquettes qui parlent avec le Pen Friend.ne, qui souhaitait faire une démonstration avec son lecteur de livres audio. Mais bien qu’elle l’utilise tous les jours, elle s’est complètement emmêlé les pinceaux, se l’est entendu rappeler à qui mieux mieux, et même « emmêlé les boutons » avec son lecteur d’étiquettes.

Sur une idée de Suzanne, nous avons demandé aux enfants des quatre groupes de reconnaître un objet de la vie courante et sa matière, les yeux fermés ou couverts d’un loup. Tous y sont parvenus, mais il ne s’agissait en aucun cas de simuler la cécité ; l’exercice voulait démontrer que tout un chacun était capable d’associer une forme à un objet, et que si le toucher ne se substituait pas à la vision, il contribuait malgré tout à percevoir et interpréter le monde qui nous entoure.

Aidée d’Yvonne, Claudine s’est approchée des élèves, a effleuré leurs épaules avant de trouver leurs mains pour y glisser un objet et les inciter à le toucher.  Il semble qu’aucun d’eux n’ait été perturbé par la proximité d’une personne aveugle, qui avait pourtant menacé de chatouilles tous ceux qui tricheraient en ouvrant les yeux.

Cette absence d’appréhension et d’a priori, ce désir d’en savoir plus, nous les avons remarqués et appréciés chez les enfants de Malaville comme chez tous les enfants que nous avons rencontrés par le passé. Nous avions fait provision d’idées pour un plus long échange et nos bagages recelaient encore quelques trésors ; Fatima aurait souhaité présReconnaitre une matière.enter son smartphone vocalisé… Mais l’heure de la sortie approchait et chez les plus jeunes, l’envie de bouger était perceptible. Le moment était venu, après une heure et demie d’attention et de concentration, d’aller se dégourdir les jambes et de se préparer pour le retour à la maison.

Les parties du texte entre guillemets correspondent aux propos tenus par différents enfants de l’école de Malaville.

Claudine.