Elle est née près de Dunkerque, a navigué sur les eaux du Cher en Touraine, et vogue maintenant sur la Charente, le cinquième fleuve de France, et, disait Henri IV, « le plus beau ruisseau du royaume ».
La Bélandre, c’est son nom, appareille plusieurs fois par jour à Port L’Houmeau, à Angoulême, pour une croisière promenade ou restauration. Elle glisse sur les méandres de la Charente, sur les traces des gabares, qui dès le Moyen-âge transportaient jusqu’à la mer, la faïence, le bois, le vin puis les eaux-de-vie, les textiles ; au XVIIème siècle, avec la construction de l’arsenal de Rochefort, elles acheminaient les produits de forge et les canons de la fonderie de Ruelle, bourgade proche d’Angoulême ; au XIXème siècle, le papier fabriqué par les moulins installés sur le fleuve. De la côte, elles rapportaient le sel et les denrées coloniales. Mais le transport fluvial des marchandises a décliné avec l’arrivée du chemin de fer, et a pris fin dans les années 1930.
Aujourd’hui, de méandres en écluses, La Bélandre va et vient sur le fleuve bordé des chemins de halage, témoins de l’activité commerciale d’autrefois. L’Houmeau, son port d’attache, offre maintenant ses vieux quais à la navigation de plaisance. Mais le tourisme fluvial doit préserver le milieu naturel. Sur les îles et les îlots que contourne La Bélandre, faune et flore sont protégées. La présence de la loutre et du vison d’Europe a été déterminante pour le classement de la vallée de la Charente en site Natura 2000.
Pour accueillir la bande dessinée qui fait sa notoriété, la ville d’Angoulême a réhabilité les anciennes constructions et rénové la pierre blanche des rives de la Charente. Ainsi, les nombreux îlots et îles blottis au creux des méandres du fleuve, véritables écrins de verdure, continuent de faire la beauté, le calme et la douceur de la vallée.
C’est dans cette ambiance sereine et apaisante que certains d’entre nous ont confié être venus par ici, partis par là, allés là-bas ; depuis le pont ou derrière les vitres du rez-de-chaussée de La Bélandre, d’autres ont retrouvé leur passé à travers les pierres restaurées ; alors que quelques uns s’émerveillaient devant l’ouverture des écluses, quelques autres ont préféré évoquer la ville haute d’Angoulême, perchée derrière ses remparts.
Sur les berges de la Charente et en parfaite harmonie avec le cadre naturel, Le Jardin des Sens verra bientôt le jour. Lors d’une prochaine croisière à bord de La Bélandre, entre Port L’Houmeau et son évitage, nous aimerions y faire escale.